oubli morphique


je voudrais être ce type
être cette silhouette
cette nonchalence
dans un aéroport




souvent j'oublie que je porte ces lunettes
sans style
pas très droites
rayées
qui me blessent le creux des yeux
et qui blessent par dessus la blessure
puis je m'en rappelle devant l'écran
je triture le haut de mon nez
elles se soulèvent
puis je gratte
à partir de là
tout mon visage
et elles retombent mollement
devant mes yeux.

fond, forme.



j'en ai un peu marre là
(c'est toujours "là", rarement "ici")
de ce fond indéfini
de ce truc qui gonfle
de ce truc qui me gonfle
de tout ce qui gonfle d'ailleurs



je lis à propos du trou noir :
tout ce qu'il avale
s'inscrit à son orée
et rien ne me parait plus universel



 tout à coup je me souviens d'elle
dans ce film
comme d'une apparition

Salut,


Pierre,
est-ce que je peux te demander
de saluer ma mère
qui sera certainement heureuse
de te retrouver.

Je t'embrasse.

vient on fait la cuiller quinze minutes
"la cuiller n'existe pas"
où avais-je la tête

l'aventure m'échappe

au profit de la disponibilité
je devrais me faceboucler

passer une annonce
qui vante la gratuité de mes bras
à voix basse
et le service après-pente
la visite guidée des abysses

mais qui veut encore
être apprivoisé

je ferais bien une photo, là
de quelque chose de plié
d'une blessure sur un sein
ou d'un sexe perlé

sinon

je fume seul en écoutant des sons binauraux à 543,777 Hz pour activer mes ondes Bêtha Theta Fhéta
un vendredi soir
mon dieu 

je vais fermer

tu n'as jamais écrit quelque chose comme ça 
à propos de moi

heureusement le goût des tomates-cerises


je ne fais pas mon deuil, opiniâtre,

mais tout est en fumée.

...

j'ai couru
ces dizaines d'heures
d'administrations en bureaux
de convocations en défenses
pour prouver ma légitimité
la légitimité de mon expérience
la légitimité de mon parcours
atypique
de mes projets
de mon envie de transmettre
de ce que je porte à transmettre
pour expliquer
de ma personne
pour prouver
de ma personne
jusqu'au bout de mes doigts
qui peuvent caresser la peau
et tenir le crayon
de mon regard
qui peut soutenir
aimer et mesurer
mais
au bout du compte
non
des sentences absurdes
on ne met pas la charrue avant les bœufs
non
comme plaqué par mail,
viré par téléphone
voilà comment
ça marche
voilà comment
et avec ça,
continue à croire
en toi,
tas de merde.

soundscape

pour
une anim
d'aline


qui explore l'autre côté du mur

ici

appoint


je pourrais rentrer et te dire que je suis là
dans mes chaussures 
à te regarder
sous ma doublure
je pourrais me pencher sur toi, tendre


je me suis assis au bord de la plaine de jeux
j'ai commencé à trier les petits cailloux, par couleur
ça intriguait les enfants, qui se sont réunis progressivement 
autour de moi, on parlait de l'utilité 
de la futilité
de la gratuité
de la couleur des pierres.

personne à l'horizon

s'il te plait, déchire-moi un mouton


je suis nulle part
c'est un endroit dont il est difficile de sortir
sans pont sans passerelle
sans gravité
sans gravité
une implosion à la vitesse de l'escargot
je décharge cinq fois par jour pour ralentir le processus
ah
c'est illéthal
je pourrais me livrer à la peau lisse

pour usage de jeux de mots à la con

comptes

2h52
220 messages
pour dire 
j'ai l'impression
la même chose
depuis la nuit détend
depuis l'ennui des temps
j'ai 15623 jours
mon espérance de vie est de 61 ans
ça m'en laisse moins de 20
pour espérer
j'ai l'impression
la même chose
depuis la nuit détend
depuis ce moment
aux 1000 drupes
3h17

3h27

alternances

tapis de sol

j'ai envie d'aimer
mais j'ai juste des cailloux
comme j'ai tatoué sur mon flanc

et

rentrer chez toi
rentrer de chez toi
rentrer chez moi

y a pas à dire

je suis bon comédien 
ça doit être génétique, un truc comme ça


suie, plis, pluie et fuite en avant

j'aimerais prendre un bain
laver les espoirs qui me rongent encore
ceux sur les lambeaux desquels je n'arrête pas de pleurer
les illusions
les images solaires
les histoires faciles sur les quais
les mains dans les cheveux
les moments sensibles aux baisers
les endroits sensibles au toucher
les lettres manuscrites
les pieds dans l'herbe
les murs dans l'eau
les musiques
les mots

e.u.t.a.

en cours à 2h38

armures, paires.

noir comme midi



je suis à ma porte 
mais je ne m'ouvre pas

rien n'est clair
c'est rien,
mais rien n'éclaire
et ça

 ..

blanc comme nuit

c'était quoi déjà la question?

peu importe, je me souviens que la réponse était oui
que j'aurais dit non à n'importe qui d'autre
mais à toi oui
et c'était pas à cause de l'eau
sous la coque
pourtant une histoire d'oeuf
d'albumine
de papiers froissés
susceptibles
d'écritures sensibles

aujourd'hui quelqu'un que j'aime
me raconte son dernier baiser

roman de gare

je rêve d'un wagon couchette
dans ce train
et au bout du voyage
un enfant sur les quais
qui fait un signe
de la main