cet endroit, cet envers

T'as vu l'eau, comme elle est sombre d'ici,
t'as vu la route, t'entends les guitares dans le bas,
on a pas tous le pied terrien,
je suis la partie qui tombe, la chute, l'impossible équilibre.

Tu vois nos ombres s'allongent sur la vase,
couchés sur le ventre on entame une danse,
tu embrasses mon cou, ma langue sortie et mes yeux qui roulent sur ta peau noire,
ta vie pâle, tes souvenirs du centre du monde, tes souvenirs de fusion et de feu,
tout sort un instant comme une éruption solaire, ton corps fendu de chaleur,
tout sort tout me brûle, au vingt-deuxième degré virgule vingt-deux,
par delà les couches, poils peau muscles sang os,
puis l'âme consumée en une fraction de seconde,
si longue, si insupportablement longue.

Nous confondons
l'huile et la perte,
l'onction et le coup,
le baiser et la morsure,
le souvenir et la cicatrice.

T' as vu l'eau, noire.

Allons-y.