Le geste qui parle

Tu as faim? Tu veux quelque chose dans ta bouche? Tu veux quelque chose dans ton ventre? Un coup de mon poing? Un point sous ta peau? Tu veux que je trace? Tu veux que j'écrive? Dans l'air, à quelques vapeurs de toi? Dans ta salive? Dans ton eau? Tu veux que je grave gravement sur tes os? Tu veux que je sculpte, que j'osculte, que je soulève les pelures une par une, les questions deux par une, le drap par le coin, le voile par l'ourlet, le sujet par la bande, la queue par défaut, le menton par orgueil, les yeux pour le ciel, la main pour la promenade ou le cœur pour rien?
MAIS
C'est compliqué de savoir ce que serrer les poings veut dire. Relier, tout est intention, le pouce encombre quand on veut donner, laisser un espace pour une autre fois.

Tu as chaud, tu as soif? Tu veux qu'au bord d'une fontaine publique j'eclabousse un peu d'eau dans tes yeux ronds? Qu'au fond du magasin de souvenirs je danse sur un morceau de musique rafraîchissante? Que j'enroule et plie, que j'abandonne mes volontés déployées pour être ta coupe où tu pourras tremper tes lèvres sèches? Que je remue tout ce qui s'articule pour faire un courant d'air? Que j'encercle tout ce qui gesticule pour faire une sieste sur la pelouse, pas loin?
MAIS
C'est compliqué d'avoir trop de sens quand on marche dans l'allée. Délier, tout est invention, le corps décombres sur le vieux plancher, laisser un temps pour un autre doigt.

Tu as envie? Tu veux en découdre des fils de haine et te tordre avec moi? Tu veux que j'indique, que je plante une vague lame, que j'introduise une requête, que je t'aide à te déballer, que je te fasse sentir la vérité de la griffe, que j'arrête de jouer avec la surface? Tu veux mouiller sur un mouchoir de poche? Tu veux que je te dise de me mater pendant mes egocentricités devant le miroir de la salle de bain? Tu veux que je rase ce qui dépasse, que je lamine ce qui surpasse, que je viole ce qui passe? Tu veux que te fasse croire que tu jouis les dents dans les crans?
MAIS
C'est compliqué d'avoir trop de transe quand on danse dans l'attente. Envier, tout est émotion, le cul défait sous les mots gonflés, laisser un fil pour une autre soie.