juste avant 4 heures

humains
milliards
et tous
si mystérieusement
vivants
6 941 883 146
vies
ça fait 220 ans
vécus
par seconde

voie lactée


"Là, la main se referme comme le regard, elle arrache violemment, la sève blanche s'expulse, les sucs se dispersent dans l'air, éclaboussent Vincent jusqu'à l'âme, liquides, acides, et cette musique, brûlent au visage, brûlent au corps, brûlent, ce qui rappelle à Vincent ses derniers moments sous les étoiles.
« Avant de partir, tu regarderas ta vie dans le lait »

Il y a peu de monde."

des clichés touchés couchés






03:40

Pauvre astre sans lumière parmi les meubles ikéa
Mais voilà
Les valises comme un mot du vocabulaire de la pantoufle

Restez
Revenez
Qui lit en moi
Qui se couche

Heureusement il y a le parfum
Tu sais
Ton accent circonflexe
Quand tu mangeais
Ma langue circoncise
Ta peau collée
Sur ma circonférence

Mais voilà
Il y a toujours
Un putain de meuble à sauver

On l'a encore échappé, belle

un vrai s'emblant est à l'expo



à partir du 02 mai 2011

pour "occurrences", une installation très débloguée
sur paravent en forme de petite pièce très habitée
avec des mots des fils et des surprises très émergées
plus d’infos en cliquant sur l’image très ci-dessus

poste scriptorium :

ça ne sert à rien
puisque j'ai vomi ma gorge
dans le puits sans fin

a-heaven





Animal-S #02


et puis non,

° j'ai la rage, finalement, d'avoir juste servi à ranimer

° derrière la porte, encore du discours péremptoire

° derrière la peau, les nœuds les crampes les aspirations

° tu me dirais quoi, doc, pour faire passer la pilule?

° heureusement, quelqu'un quelque part me parle de son épaule

° heureusement, je raconte une histoire

détours et suspensions

- quand la femme qui a réglé sa montre sur un non-lieu passe me voir, elle s'attarde peut-être

- dans une forêt de pendus ça parait normal d"avoir un long cou 

- un type plein de mots sur une montagne de papier craque une allumette

- tu crois que tu vas être celle qui sauvera son regard sur tes seins, alors tu cloues un cadre au mur

- il fallait que je retienne ma respiration mais au lieu de ça j'ai retenu chaque trait de ton visage

Toi qui avait oublié l'extérieur, les particules perforantes, les doigts dans le sable

au bout des contes, nous seront morts et par voie défaite libérés de l'aveuglement des cages à rages, oui, ce jour là me manque et pourtant je ne le souhaite pas

heureusement, parfois

je la regarde, puis je remercie l'Air d'être à la fois transparent et celui de sa chanson

glyphes



d'aussi loin que je m'en souvienne

Je suis dans le porche d’entrée, je fume une cigarette avec un ami, nous parlons de tout et de rien, plus loin les enfants jouent, d’autres personnes vont et viennent, j’ai peut-être cette douleur dans l’arrière de la gorge qui monte dans la tête mais je la connais tellement bien, il y a un vent légèrement piquant qui entre par bouffées fraiches, c’est pas désagréable, ça fait tressaillir les arbres des jardins alentours, J. me raconte le film d’hier, un chien aboie.

Puis ce truc m’arrive. Je l’ai eu des dizaines de fois, il dure entre une et cinquante secondes, et plus il est long plus c’est angoissant. Ma gorge s’ouvre dans une sorte de contraction inversée, elle libère brutalement un espace sombre et infini en moi, qui avale ma conscience par l’intérieur. A cet instant je ne sais plus m’attacher à quoi que ce soit de réel qui me parvient, la voix de J., le sens de ses mots, le vent froid, les cris d’enfants. Une petite partie de moi, logée je ne sais où, me parle et lutte, me dit de penser à des choses importantes où ridicules mais vraies, mes enfants, mes amours, mon téléphone dans ma poche, la base de mes cheveux qui me fait mal, l’alternance des jours et des nuits, ma grand-mère qui passe la main entre les barreaux de l’escalier pour attraper nos pieds à ma sœur et moi il y a trente-cinq ans. Mais le combat est inégal, l’espace sombre se dilate encore et aspire la réalité comme les souvenirs, jusqu’à ce que plus rien ne puisse faire office de point d’ancrage, je pense que je vais mourir à la prochaine contraction, je suis paralysé et je chute dans ma propre implosion, mon cœur fait une apnée, mon esprit se désagrège, je crois dire que ça ne va pas à J. mais en réalité je le regarde encore simplement en acquiesçant vaguement à ce que je n’entends plus de son histoire, et aucun mot ne sort de ma bouche. L’univers me semble absurde et atomisé, ma petite voix qui lutte s’étrangle et pleure, enfants, amours, pieds sur le sol, rien n’y fait, je serre mon téléphone dans ma poche, je pense qu'au cas où je crève, je pourrai toujours appeler quelqu'un.

Appeler quelqu'un.
Au cas où je crève.
Je me sens aussi con que la chasse d'eau automatique d'un urinoir public.

Un urinoir public, l’odeur de pisse, le loquet qui ferme la porte, l’inscription « libre-occupé », l’idée que je pourrais aussi aller pisser, un peu plus tard, que donc il y a la possibilité d’un plus tard, que tout n’est pas fini par la grâce de ma vessie : voilà ce qui me sauve ce jour-là.

Si un jour rien ne me sauve, que j’abandonne ma petite voix jusqu’à l’effondrement, si la deuxième ou troisième contraction m’aspire jusqu’à l’horizon noir, alors je visiterai la mort et son informité, et je laisserai derrière moi la splendeur de l’alternance et de la diversité.

J’espère pas demain.

la formule du bout de tout

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plan b

- une partie insignifiante de mon corps me brûle, un endroit sans aucun intérêt, je ne peux rien en déduire, rien en apprendre, un morceau de peau placé là où rien ne se raconte, un fragment sans littérature, et pourtant, tous les soirs, il brûle.

- je pourrais bien me planter devant la porte et la défoncer, et virer ce connard encyclopédique à la réplique suintante, mais ça n'enlèverait pas ta tristesse, ni la mienne à te voir croire que tu es meilleure quand tu n'es pas toi.

- quelqu'un me fuit, quelqu'un m'ignore, quelqu'un m'emploie, il s'en faudrait de peu pour que quelqu'un me trouve, mais je porte toujours ce masque à l'image de ce qu'il y a derrière moi, ce doit être pour ça que je danse, pour essayer d'aller plus vite que mon masque, être un bref instant forme différenciée du fond.

- à la liste des cinq sens j'ajouterais au choix la nausée ou la migraine, toutes deux si riches en variations, des mines d'âpretés, des trésors d'informations sur le réel, en cela chacune un sens; tant avides qu'elles anesthésient les cinq autres.

- au final pour virer l'arpenteur de ma tête, je n'aurai trouvé qu'une seule solution : arpenter.

je me souviens très bien de cette route
nous parlions peu, penchés légèrement
le regard dans la pluie, comme si soudain
puis un peu plus tard j'imaginais les vies
des intérieurs à papier peint, des rideaux
qui cachent des pénétrations inavouables
de temps en temps, le long des abords
un animal mort, ou un reflet blanchâtre
il y a peut être autre chose, un peu plus loin

des nouvelles de là

Ma fille me dit qu'elle a rêvé de ma mère. Je lui demande comment elle va. Bien, apparemment, elle lui tenait une porte ouverte en lui souhaitant bonne chance, avant un moment important. Ça ne m'étonne pas d'elle.

rien

-et puis quoi encore
-une liste
-ok, doc
-et dites trente-trois, jambes pliées
-douleur dorsale cheveux rares j ai rien autour de mon vide, doc
-ça vous rend triste
-vraiment, pas vraiment, vraiment pas, vraiment pas vraiment, pas vraiment vraiment (mais quand même)