tu me diras encore


d'ouvrir la fenêtre?

trajectoire pliée


au lavoir automatique
je sors mes vêtements du sèchoir
j'ai les mains brûlantes
et les pieds gelés


pourtant,
entre ces deux extrémités
rien n'est tiède




tout peut-il partir
en buée

A la frontière P-2


Le frigo est rempli une fois par semaine de vivres et de papier toilette, ainsi que d’une série de  petits post-its jaunes couverts de recommandations et d’avertissements. C’est l’écriture de ma mère. Je me rends compte que c’est elle qui me retient là, il doit y avoir une paroi amovible au fond du frigo, et sur le mur au dessus du réchaud il y a cette petite trappe qui fait vide-ordures, je l’ouvre pour crier dedans, je hurle : "maman, maman, c’est inutile, je n’ai pas l’intention de partir, regarde mes jolis vêtements, je suis toujours ta fille, je serai toujours ta petite fille, ta toute petite fille" . Mais à part l'écho de ma  maigre voix dans le conduit métallique, je n'ai jamais de réponse.

la goutte

j'ai une envie irrépressible 
jusqu'à la crampe
jusqu'à la nausée
de partir
mais je ne sais pas dans quel sens du terme


versus



toi, là, sous les croissants et les dômes
j'ai beau courir la lande, les rues, les corps
goûter le sel, l'estime et le chrome
rien n'ouate ma gorge nouée, encore