Tu la vois, la vague, là?
Je te raconte, attends.
Elle te déborde quand elle vient.
Chaque fois.
Elle te noie de peur et de bonheur pour un bref instant, et aussitôt qu'elle se retire, tu la regrettes.
Et tu l'attends.
Puis un jour, tu l'attends plus longtemps.
Alors toi, assis, tu l'attends, alors toi assis sur ton échelle tu l'attends encore, alors toi assis sur ton échelle humaine tu l'attends toujours et tu ne la vois pas revenir, comme une marée basse indéfinie.
Alors c'est que le monde s'est arrêté de tourner, forcément.
Alors ton monde s'arrête de tourner, forcément.
Et de ce monde, privé de sa gravité, tu tombes.
Tu tombes de ton monde.
Dans le vide.
Là, au milieu de nulle-part, tu croises le chamane.
Il te rappelle que toucher et être touché une fois par jour par quelqu'un qu'on aime est important pour la santé mentale.
Puis il s"éloigne.
Tu lui cries "Mais tu as vu où on est, là?". Ça le fait beaucoup rire, son visage grimace dans le lointain.
Peut-être portait-il un masque?
Espace, ton froid
Espace, ton creux
Alors tu écoutes les pas sur le trottoir, forcément.