l'homme sans aspérités était
le père malgré lui du discours.
Il dit toujours « doucement »
quand on lui demande s’il va bien.
Il se lève et quitte avec
difficulté sa posture fermée, et quand il se déplace avec lenteur, il reste
confiné dans ce petit espace qu’il emmène partout avec lui, un rétrécissement,
très lisse et sans accident.
Il se dirige vers l’évier
pour se servir un verre d’eau, mais il ne vous en proposera pas, (car son
rétrécissement est opaque.)
L’eau coule lentement, il
scrute les éclaboussures et boit à petites gorgées.
Ensuite il lave et rince le
verre, puis lave et rince l’évier, puis essuie le verre, puis tord l’éponge et
la repasse dans l’évier, puis il essuie l’évier, puis il essuie l’éponge et
prépare le torchon pour la lessive.
Il est temps de retourner
s’asseoir.
Il ne répond pas à votre
dernière question parce que son rétrécissement est insonorisé.
Nous sommes assis dans ce
fauteuil qui épouse nos dos courbés, et nous avons peur de voir notre futur.
Ainsi personne ne passera la
main dans les cheveux de cet homme pour les ébouriffer, (car son rétrécissement
est trop dense et trop lisse.)
Nous repartons avec une
légère nausée due à la pression.
Nous parlons peu, mon frère
et moi, et nous nous fuyons du regard.
Nos parents sont nerveux. Ils
nous grondent sans raison.
Nous regardons par la
fenêtre.
Je rêve que ma vie est en
mouvement.
Pendant ce temps, l’homme se
pend dans sa garde-robe.