perspective

Le pire quand j'ai la migraine c'est pas la migraine c'est pas la nausée c'est pas l'angoisse c'est pas les bouffées d'agoraphobie c'est pas l'estomac c'est pas rongé par c'est pas l'acide c'est pas les aiguilles dans le cerveau c'est pas la lumière qui vrille c'est pas le ( ) c'est pas qui perce c'est pas les sons qui cognent, c'est pas c'est pas c'est pas ça c'est pas c'est pas ça pas c'est pas ça, non.
C'est les visions du futur.Du passé. Des deux. De ce que je ne devrais pas savoir. Voir. Avoir vu. Lire dans vos corps. Je baisse les yeux en marchant mais rien n'y fait. Ta gueule décharnée dans quelques années, les insectes partout, les constructions mégalomanes et inutiles, les exodes, les solitudes, ta femme qui te trouvera si mort et froid, tes enfants perdus, la boue profonde, les vers dans ton estomac, dans des millions d'estomacs, les yeux révulsés, les pullulations de méduses, les feux de bétons, tes brûlures sans lendemain, ta sueur inutile quand tu caches les évidences, tes abcès qui t'étouffent, ton orgueil qui t'étouffe, les armées d’hébétés, la poussière, la poussière, les chiens qui bavent, la dévastation des corps, la grandiloquence paroxystique des égos, les hauts murs autour des derniers oasis, les ignominies, les infamies pour rester le dernier dans les bulles, les fumées noires,  les organes sur le sol, les colonnes de fourmis, les montagnes de déchets, les derniers sursauts, les yeux perdus dans les écrans, les sexes perdus dans les écrans, les culs perdus dans les écrans, les âmes perdues dans les culs perdus dans les écrans, les masques, les implants, les sacs en plastique, les trous dans la peau, dans la terre, dans l'ozone, dans la mémoire du monde, dans la mémoire des peuples, l'odeur pestilentielle, les vapeurs de mercure et de plomb, les parcs d'affamés, les parcs d'enculés, les rats, les blattes, les ondes, les radiations, les croûtes, les dernières bouffées d'opium, ta dernière inspire, ta dernière volonté, inutile, la dernière fois que tu vois le ciel, la dernière fois que tu vois la dernière goutte d'eau, douce.