La gorge n'avale pas

Mais il y a quoi dans ce journal, des images, des filles qui veulent te faire du bien, des fards, des masques, des retours de flamme, des immondices déguisés en perles, un peu plus loin il y a tous tes trajets et leurs émergences tristes à chaque coin de rue, l'impression que tu vas toujours voir le type au PH neutre ou l'autre dont tu connais le nom ou l'autre dont tu connais la bite, l'envie irrépressible de frapper, tordre, défigurer, puis il y a les ancres, les invariables, l'amour jusque dans les ongles, la reconnaissance du hasard plus apte que la nécessité, la pluie fine, la tranche du rasoir, la frontière entre toi et la folie avec laquelle tu flirtes, les démons, les vieux démons, les peurs dont tu as oublié jusqu'à l'origine, les forêts de ton enfance, les escaliers qui descendent vers le noir, le lit de ton ancêtre, les premiers cris, les premiers pas, l'angoissante matrice, les mots dépourvus de signification mais lourds de sens, tu m'offres un café sinon, ton regard est perdu, tu ne parles plus ou pas encore, tu te souviens de tes membres encore englués dans ta chair uniforme, tu te souviens de l'eau, tu te souviens de ta fuite, tu dis que tu as écrit un poème sur l'amour et le feu, tu as brûlé tes ailes, tu aimes les carrés aux couleurs vives, tu mates les culs pour oublier ton hôte, tu vas rentrer chez toi avant de te perdre, et si tu croises celui dont le bas-ventre est puissant, tu baisseras juste les yeux.