ad lib


j'ai la nausée je répète sans cesse les mêmes choses comme le fou la même histoire ces petits sons ces petits tics cette main qui pointe cet écran cette heure tardive ce sommeil qui me fuit merdes morceaux de peaux une fille qui donne des trucs pour se coiffer l'été ceux que j'essaie de pénétrer par l'âme sans savoir ce que laisse cette ridicule histoire dans cette ridicule partie de moi pour les choses de demain  de mes deux cette position mal assise la même chaise cet éternel trou ce trou cette quantité de bien au contraire cet hémisphère irrité cette tirade lamentable cet accord de do mineur de mon enfance que je ne transforme plus cette image sèche cette scène du crâne cette cène des rimes cette entrée libre ce monstre dans mon palais édenté cette trachée ce crachoir cette urine sucrée ce sexe aigre ce matin

un vide à propos

les fonctions : aujourd'hui, la dérivée transparente

je peux être invisible

à quoi ça sert

à ce que tu n'aies pas
à faire comme si tu ne me voyais pas

oui mais pour être invisible
il faut d'abord être nu

cccv

Un type avec des caisses de bouteilles vides passe en me regardant.

Elle me dit :
« Ferme les yeux, et regarde la surface interne de tes paupières. Quand tu verras quelque chose, préviens-moi »

Je suis épuisé, je pousse un râle sans inspiration, l’eau a des reflets de ciel sombre et de façades grises, les voitures qui passent font des traînées sonores et humides.

Elle me dit :
« Ta vie se résume à ce petit échafaudage absurde, mais c’est formidable, tu peux quand même monter dessus et repeindre ton plafond »

J’aime ce moment où sortir du sujet est une évidence pour les larmes, simplement voir la rue, ou le vêtement qui glisse sur la peau, ou l’homme qui tourne la tête, et tout ce qui précède existe encore.
Je me déshabille, inachevé.

Elle me dit :
« Regarde jusqu’où je suis capable de t’emmener. Tu ne peux pas me suivre, parce que l’air est trop dense pour que tu puisses faire un pas »

Gingembre jaune et urines rouges, des gisements de cœurs vrillés, des cris en si clos m'agora.


j'ai reçu un morceau de visage
un fragment extrêmement lumineux
presque éblouissant
je retourne le voir, de temps en temps

les circonstances d'hier à aujourd'hui
algie ma vieille compagne
une sensation de perte
je cherche des balises
je trouve des fantômes

une autre photo qui me visite
est celle ou tu ne te ressembles pas
j'y pose mon regard comme je poserais mon front
sur ton sein, ou ta hanche

je m'endors régulièrement
de façon quasi cataleptique
j'attends quelque chose, je crois

or, il ne faut pas confondre le cartomancien éclairé et le voyant lumineux

le mur est humide
de condensation

sous la douche,
je baisse la tête, même sans raison
d'avoir trop souvent cogné le pommeau

une scène absurde
de 56 secondes
dans la cour de l'exposition
avant-hier
(elle qui gagnait pourtant à être perturbée, pour que les plans s'affrontent. Sans cela, une insipide énième version bien encadrée d'un costume inhabité déposé sur un cintre en forme de dogme)

j'ai bien aimé marcher, même inconfortablement
et à chaque pause, vite tout repenser, comme si c'était là

l'autre jour nous nous parlions légèrement de profil
parce que j'avais préféré le mur à la chaise pour m"adosser
cela installait cet angle étrange entre nous
qui collait assez bien avec la circonstance

j'ai touché ton bras
quelques fois
comme pour réconforter
mais je voulais aussi, j'avoue
toucher ton bras
(quelques fois)

des histoires sans liens, par moment




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