arbre, ailleurs, armure, autrefois, âme

Du jour où j'oubliai de comprendre, tu fus le plus beau des paradoxes, la plus tendre violence, enivrante et apaisante à la fois, tes vêtements une armure et une porte, ta nuque une île et un abysse, ta morsure un spasme et une détente, ton baiser un don et un vol.

Dans la cloison des déchirures, et chaque lacune comme une écluse qui s'ouvre battante, me rempli, enflamme mes essences, mixe nos parfums, exacerbe mes envies, écarquille mes yeux, grandi mon amour.

Comme dans l'histoire nous écoutions, toi la voix, moi les sons, maintes fois jusqu'aux larmes, à découvert l'un de l'autre, les pensées réduites comme un fruit dans l'étamine, jusqu'à l'essentiel sentiment.

Alors tu t'enfuis dans l'escalier

Je me penche à la fenêtre pour te voir entrer dans la voiture, le torse piqué du froid, le sexe sur le radiateur brûlant.

Un instant plus tard tu as déjà remplacé toute ma mémoire, je repense à Prague ou à une autre ville, sous une légère pluie tiède tu tiens mon bras, et nous marchons sans autre but, à notre dérive, les rues nous suivent, nous éparpillons quelques mots, mais il nous en faut tellement peu.

Plus tard, lorsque nous nous coucherons, il nous en viendra tant.